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HENRY DUNBAR

Le Major s’arrêta un moment sur le seuil de la chambre et contempla son ami avec gravité.

— C’est très-confortable, — s’écria-t-il ; — pour dire le dernier mot, c’est très-confortable, mon cher ami.

Le cher ami ne sembla pas particulièrement flatté lorsque ses yeux se levèrent pour se reposer sur le visage du nouveau venu,

— Je pensais que vous étiez à Londres, — dit-il.

— Ce qui prouve combien peu vous vous inquiétez de ce qui a rapport à vos voisins, — répondit Vernon ; — car si vous aviez daigné condescendre jusqu’à vous occuper des faits et gestes de votre humble ami, on vous aurait appris qu’il avait acheté une propriété très-confortable dans les environs et qu’il s’était arrangé pour vivre respectablement en gentilhomme campagnard pour le reste de ses jours, en admettant toujours que la générosité de ses honorables amis le mette à même de faire la chose décemment.

— Voulez-vous dire par là que vous avez acheté une propriété dans ces parages ?

— Je suis, par bail emphytéotique, propriétaire de Woodbine Cottage, près de Lisford et de Shorncliffe.

— Avez-vous l’intention de vous établir dans le comté ?

— Oui, sans doute.

Dunbar se sourit à lui-même en entendant la réponse de son ami.

— Vous serez le très-bienvenu ici, — dit-il, — en ce qui me concerne du moins.

Le Major le regarda d’une façon inquisitoriale.

— Vos sentiments sont des plus généreux, mon cher ami ; mais je dois vous rappeler respectueusement que les dépenses nécessitées par la prise de possession de mon humble habitation ont été très-lourdes ; en bon anglais, les deux mille livres que vous m’avez avancées d’une façon si libérale, comme à-compte sur vos futures bontés, se sont fondues comme la neige par un dé-