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HENRY DUNBAR

plus indispensables ; mais n’emballez pas les inutilités.

— Partirai-je avec vous, monsieur ? — demanda l’homme.

Dunbar regarda à sa montre et sembla réfléchir quelques instants avant de répondre à cette question.

— À quelle heure passent les trains pour Londres le dimanche ? — demanda-t-il.

— Il y a l’express venant du Nord qui s’arrête à Rugby à six heures, monsieur. Vous pourriez prendre celui-là, si vous partiez de Shorncliffe par le train de quatre heures trente-cinq minutes.

— Je le puis très-aisément, — répondit le banquier ; — il n’est que trois heures, faites d’abord mon portemanteau, Jeffreys, et donnez ordre que la voiture soit attelée à quatre heures moins un quart. Non, je ne vous emmène pas à Paris avec moi. Vous pourrez me suivre dans un ou deux jours avec le reste de mes bagages.

— Oui, monsieur.

Il ne se fit ni bruit ni confusion dans une maison organisée comme l’était celle de Dunbar. Le valet prépara le portemanteau et le nécessaire de voyage : la voiture tourna par l’allée sablée devant le perron à l’heure indiquée, et cinq minutes après Dunbar sortait du vestibule avec son pardessus étroitement boutonné sur sa large poitrine et une couverture de voyage en peau de léopard jetée sur son épaule.

Autour de sa taille il portait la ceinture de chamois qu’il avait faite de ses propres mains à l’Hôtel Clarendon. Cette ceinture ne l’avait jamais quitté depuis la nuit où il l’avait faite. La voiture le conduisit à la station de Shorncliffe ; il en descendit et se rendit à l’embarcadère. Bien qu’il ne fût pas encore cinq heures, le jour d’hiver s’éteignait dans le ciel gris, et, dans la station du chemin de fer, il faisait déjà nuit. Il y avait des lampes çà et là, mais elles ne produisaient que des