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Page:Braddon - Henry Dunbar, 1869, tome II.djvu/45

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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

lueurs indécises et indistinctes dans cette sombre atmosphère.

Dunbar parcourait lentement le quai de départ. Il était si profondément absorbé dans ses pensées qu’il tressaillit presque en s’entendant appeler vivement par un jeune homme qui s’était approché tout près de lui par derrière :

— Monsieur Dunbar ! — dit-il, — monsieur Dunbar !

Le banquier se retourna vivement et reconnut Lovell.

— Ah ! mon cher Lovell, c’est vous ; vous m’avez fait peur.

— Partez-vous par le premier train ? J’étais si désireux de vous voir !

— Pourquoi ?

— Parce qu’il y a ici quelqu’un qui est aussi désireux que moi de vous voir. Un de vos vieux amis, dit-il. Devinez-vous qui ce peut être ?…

— Je ne sais pas… je ne puis deviner… j’ai tant de vieux amis… Je ne puis voir personne, Lovell ; je suis très-malade. J’ai vu un médecin pendant mon séjour à Londres, et il m’a dit que j’avais le cœur malade, et que si je voulais vivre, je devais éviter toute agitation et toute émotion subite comme un poison mortel. Qui est-ce qui désire me voir ?

— Lord Herriston, le grand homme d’État anglo-indien ; c’est un ami de mon père, qui s’est montré charmant pour moi et qui m’avait offert un poste que j’ai trouvé plus sage de refuser. Il nous a beaucoup parlé de vous quand mon père lui a appris que vous habitiez Maudesley et il se serait empressé d’aller vous dire bonjour s’il n’avait pas craint de manquer le train. Vous allez le voir, n’est-ce pas ?

— Où est-il ?

— Ici, à la station… dans la salle d’attente ; il a visité le comté et il a déjeuné avec mon père en passant. Il se rend au Derby et il attend le train qui descend et