Page:Braddon - Henry Dunbar, 1869, tome II.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
42
HENRY DUNBAR

qui doit le mener à la grande ligne. Vous allez venir le voir ?

— Oui… oui… je serai très-enchanté… je…

Dunbar s’arrêta tout à coup en portant la main à son côté ! La cloche avait sonné pendant que Lovell et le banquier étaient restés à causer sur le quai ; le train arrivait à la station au même moment.

— Je ne pourrai pas voir lord Herriston ce soir, — dit Dunbar vivement. Il faut que je parte par ce train, ou je perdrai un jour. Adieu, Lovell. Faites mes meilleurs compliments à Herriston ; dites-lui que j’ai été très-malade. Adieu.

— Votre portemanteau est dans le wagon, monsieur, — dit le domestique en lui indiquant la porte ouverte d’un compartiment de première classe.

Dunbar monta en voiture. En ce moment un vieux gentleman sortit de la salle d’attente.

— Est-ce là mon train, Lovell ? — demanda-t-il.

— Non, milord ; M. Dunbar est ici ; il part par ce train, vous aurez le temps de lui parler.

Le train se mettait en marche. Lord Herriston était un vigoureux vieillard. Il courut le long du quai en regardant dans les wagons.

Mais la vue du vieillard n’était pas aussi bonne que ses jambes. Il regarda vivement à travers les glaces des portières, mais il ne vit qu’un amas confus de lueurs de lampes vacillantes, de visages étrangers, de journaux dépliés entre les mains des voyageurs éveillés, et de têtes endormies qui étaient roulées et cahotées sur les côtés capitonnés des voitures.

— Mes yeux ne sont pas ce qu’ils étaient, — dit-il avec un rire de bonne humeur, lorsqu’il revint vers Lovell. — Je n’ai pas réussi à apercevoir mon vieil ami Dunbar.