Page:Braddon - Henry Dunbar, 1869, tome II.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
43
HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

CHAPITRE XXX

Arrêté en route.

Dunbar s’était confortablement installé dans son coin et fermait les yeux, mais il n’était pas endormi ; il réfléchissait et de temps à autre il se penchait en avant pour regarder par les glaces du wagon dans l’obscurité profonde de la nuit. Il ne pouvait distinguer qu’une vague silhouette du paysage que le train parcourait rapidement, des prairies en contre-bas où la neige épaisse et immaculée n’avait été souillée par aucun pied humain, et des taillis peu épais où des sapins vigoureux apparaissaient tout noirs au milieu de la blancheur éclatante du sol.

Le pays était tellement uniforme sous son épais linceul de neige que Dunbar essaya vainement d’apercevoir les poteaux indicateurs bordant la voie.

Le train qui l’emmenait s’arrêtait à chaque station, et bien que le voyage de Shorncliffe à Rugby ne fût tout au plus que d’une heure, il parut presque interminable à l’impatient voyageur qui semblait anxieux de se trouver sur le pont d’un des steamers électriques de MM. ***, de sentir les flocons de neige lui fouettant le visage, et d’apercevoir la ville de Douvres comme un croissant enflammé au milieu de l’obscurité de la nuit, et les feux de Calais s’élevant à distance derrière les noires falaises bordant la mer.

Le banquier regarda sa montre et fit son calcul sur les probabilités du temps. Il était alors cinq heures un