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HENRY DUNBAR

une expression inquiète, puis il demanda où il était. Il ne savait rien de l’accident en lui-même et il avait complètement perdu le souvenir de tout ce qui l’avait précédé, même depuis le moment où il avait quitté Maudesley Abbey.

Ce ne fut que petit à petit que la mémoire des événements de la journée lui revint. Il avait eu besoin de quitter Maudesley, d’aller à l’étranger, de faire un voyage qui n’était pas un projet nouveau pour son esprit. S’était-il mis en route pour faire ce voyage ? Oui, sûrement ; il devait être parti dans ce but ; mais alors qu’était-il donc arrivé ?

Il demanda au chirurgien ce qui était arrivé et comment il se faisait qu’il se trouvât dans ce lieu qui lui était étranger.

M. Daphney, le chirurgien, fit au malade le récit de tout ce qui avait trait à l’accident d’un ton si badin et si gai que tout le monde eût pu conclure que la rencontre de deux locomotives n’était simplement qu’un épisode dans la vie d’un homme.

— Mais nous allons admirablement, monsieur, — dit Daphney en terminant son récit ; — rien ne pouvait être plus désirable que la voie dans laquelle nous marchons, et quand notre jambe sera remise et que nous aurons pris un breuvage rafraîchissant, nous serons tout à fait bien pour la nuit. Je n’ai vraiment jamais vu de fracture plus nette… jamais, je puis vous l’assurer.

Dunbar se souleva et s’assit sur son séant, malgré les remontrances de l’aide du médecin, et regarda anxieusement autour de lui.

— Vous dites que nous sommes à Rugby ? — demanda-t-il d’un air grave.

— Oui, ceci est Rugby, — répondit le médecin en souriant et se frottant les mains comme s’il avait presque voulu dire : Eh bien, voyons, n’est-ce pas délicieux ?