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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

— Oui, ceci est l’Hôtel de la Reine à Rugby, et je suis sûr que toutes les attentions que le propriétaire, M…

— Il faut que je parte d’ici ce soir même, — dit Dunbar en interrompant le médecin d’une façon assez peu cérémonieuse.

— Ce soir, mon cher monsieur ! — s’écria Daphney, — impossible !… complètement impossible… ce serait un suicide de votre part, mon cher monsieur, si vous le tentiez, et un crime de la mienne si je vous permettais de mettre une semblable idée à exécution. J’ai le regret de vous dire que vous serez prisonnier ici pendant un mois au moins, mais nous ferons tout ce qui sera en notre pouvoir pour vous rendre le séjour agréable.

Le chirurgien ne put s’empêcher de paraître gai en émettant cette promesse, mais en apercevant une expression sombre et chagrine sur le visage de son malade, il se hâta de modifier son attitude radieuse.

— Notre premier soin, monsieur, sera de rendre quelque force à cette pauvre jambe, — dit-il avec douceur ; — nous la mettrons sur un lit de repos en tenant le haut de la jambe dans une position inclinée, mais je ne veux pas vous ennuyer avec ces détails techniques. Je ne sais pas si nous ferons bien de remettre la jambe ce soir ; nous devons réduire l’enflure avant de nous aventurer dans une voie plus décisive. Des lotions rafraîchissantes appliquées avec des linges de toile devront être faites toute la nuit. Je me suis occupé d’une garde et mon aide restera aussi toute la nuit pour surveiller ses opérations.

Le banquier se plaignit à haute voix.

— J’ai besoin d’aller à Londres — dit-il, — il faut que je me rende à Londres.

Le chirurgien et son aide ôtèrent les vêtements de Dunbar. On fut obligé de couper la jambe de son pantalon avant de pouvoir rien faire. Daphney ôta l’habit