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HENRY DUNBAR

et le gilet du malade, mais sa chemise lui fut nécessairement laissée et la ceinture de chamois portée par le banquier se trouvait entre cette chemise et le gilet de flanelle rouge.

— Je porte une ceinture en cuir sur mon gilet de flanelle, — dit Dunbar pendant que les deux hommes le déshabillaient. — Je désire qu’on ne me l’enlève pas.

Il s’évanouit bientôt après, car sa jambe démise le faisait beaucoup souffrir. Mais en revenant de son évanouissement il regarda les deux personnes qui le soignaient avec méfiance et porta la main à la boucle de sa ceinture afin d’acquérir la certitude qu’on n’y avait pas touché.

Pendant toute cette longue nuit de fièvre et d’insomnie, il songea à la malencontreuse interruption de son voyage, pendant que la garde-malade et l’aide du médecin appliquaient alternativement des lotions froides sur la malheureuse jambe cassée.

— Dire que ceci pouvait arriver, — se murmurait-il à lui-même de temps à autre. — De toutes les choses que j’appréhendais, c’est la seule à laquelle je n’avais jamais songé.

La jambe fut remise dans la journée du lendemain et le soir il eut une longe conversation avec le chirurgien.

Mais il ne parla plus tant de son désir de s’éloigner pour la seconde étape de son voyage continental. Son domestique Jeffreys arriva à Rugby dans le courant de la journée, car la nouvelle de l’accident était parvenue à Maudesley Abbey, et on savait que Dunbar était un des blessés.

Ce soir-là, Dunbar ne parla que du malheur d’être dans une maison étrangère.

— J’ai besoin de retourner à Maudesley, dit-il, — si vous pouviez vous arranger pour m’y conduire, mon-