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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

sieur Daphney, et pour me donner vos soins jusqu’à ce que j’aie surmonté les effets de cet accident, je serais enchanté de vous accorder toutes les compensations que vous pourriez désirer pour la perte que votre absence de Rugby pourrait vous occasionner.

Ceci était un discours très-diplomatique. Dunbar savait que le chirurgien ne se soucierait pas de laisser échapper de ses mains un malade aussi riche, mais il calculait que Daphney ne ferait aucune objection à conduire triomphalement son malade à Maudesley Abbey, à l’admiration du commun des mortels et au grand détriment de ses rivaux.

Il ne fut pas trompé dans son appréciation sur la nature humaine. À la fin de la semaine il avait réussi à persuader au chirurgien d’accéder à son départ, et le second lundi qui suivit l’accident, Dunbar fut placé dans un compartiment spécialement préparé pour lui dans le train de Shorncliffe, et fut conduit de la station de Shorncliffe à Maudesley Abbey. Il ne changea en aucune façon de position durant toute la route et fut très-attentivement soigné par Daphney et son valet Jeffreys.

Le lit de Dunbar fut roulé dans la chambre à tapisserie, sa chambre de prédilection, et on l’y installa pour y passer de longs jours et de longues nuits jusqu’à ce que ses os brisés se rejoignissent, et qu’il fût libre alors de pouvoir aller où bon lui semblerait. Ce n’était pas un malade très-patient, il supportait assez bien le mal, mais il grognait continuellement contre la durée de la maladie, et tous les matins il adressait au docteur cette même question

— Quand serai-je assez fort pour pouvoir marcher ?