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HENRY DUNBAR

CHAPITRE XXXI

Clément fait un sacrifice.

Margaret avait promis de devenir la femme de l’homme qu’elle aimait, mais elle n’avait fait cette promesse qu’avec répugnance et à une condition seulement. La condition était qu’avant que son mariage avec Clément eût lieu, le mystère de la mort de son père serait complètement éclairci.

— Je ne puis être votre femme tant que le secret de cet horrible meurtre n’est pas dévoilé, — dit-elle à Clément. — Il me semble que j’ai déjà été bien négligente en retardant l’accomplissement de ce devoir solennel. Mon père n’avait en ce monde que moi pour l’aimer et se souvenir de lui ; qui vengera sa mort, si je ne la venge pas ? Il était un réprouvé, banni de la société, et on s’imagine que c’est peu de chose de mourir d’une mort cruelle après avoir mené une existence désordonnée. Si M. Dunbar, le riche banquier, eût été assassiné, la police n’aurait eu ni cesse ni relâche jusqu’à ce que l’assassin eût été découvert. Mais qui songe à ce qu’est devenu Joseph Wilmot, excepté sa fille ? Sa mort ne fait aucun vide dans le monde ; il ne manque à personne, excepté à moi… excepté à moi !

Clément n’oublia pas sa promesse de faire de son mieux pour découvrir la culpabilité du banquier. Il croyait que Dunbar était l’assassin de son ancien valet, et cette croyance datait du jour où le banquier s’était échappé comme un voleur de la maison de Saint-Gundolph Lane.