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HENRY DUNBAR

sible de rester dans cette maison dont il considérait le chef comme un homme des plus infâmes ?

Non ; il lui était tout à fait impossible de conserver sa position actuelle. Tant qu’il recevrait un salaire de la maison Dunbar, Dunbar et Balderby, il serait en quelque sorte l’obligé de Dunbar. Il ne pouvait rester au service de cet homme et en même temps espionner ses actions et travailler corps et âme à exposer au grand jour le terrible secret de sa vie.

Ce fut ainsi que vers la fin de la semaine dans laquelle Dunbar, pour la première fois depuis son retour de l’Inde, visita les bureaux de la maison de banque, Clément donna par écrit à Balderby l’avis formel de sa démission. Le caissier ne pouvait quitter immédiatement son emploi. Il était forcé d’avertir ses patrons un mois à l’avance.

La foudre tombant sur la table recouverte en maroquin devant laquelle était assis Balderby n’aurait pas plus étonné le second associé que la lettre qui lui fut tendue tranquillement et respectueusement par Clément.

Il y avait une foule de raisons en vertu desquelles Clément devait souhaiter rester dans la maison de banque. Son père y avait vécu trente ans et il était mort au service de Dunbar et Dunbar. Il avait été l’employé favori des deux frères, et Clément lui-même admis dans la maison dès son enfance avait été traité avec beaucoup d’égards par Percival. En outre, il avait de grandes chances d’être sous peu associé à la banque dans des conditions avantageuses, et cette association serait évidemment le commencement d’une grande fortune.

Balderby, assis, la lettre entre les mains, regardait les lignes avec stupéfaction, comme s’il n’en comprenait pas le sens.

— Est-ce réellement ce que vous avez voulu dire, Austin ? — demanda-t-il enfin.