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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

— Oui, monsieur. Des circonstances contre lesquelles je ne puis rien me forcent à vous donner ma démission.

— Vous êtes-vous querellé avec quelqu’un dans le bureau ? S’est-il passé quelque chose dans la maison qui vous mette mal à l’aise ?

— Non, monsieur Balderby, je suis fort à mon aise dans ma position.

Le second associé se renversa dans son fauteuil et examina le caissier comme s’il essayait de découvrir sur la figure du jeune homme les premiers symptômes de la folie.

— Vous êtes à votre aise dans votre position et pourtant vous… Oh ! je suppose que la vérité en tout ceci c’est que vous avez en vue un poste meilleur et que vous vous empressez de nous quitter pour améliorer votre situation, — dit Balderby d’un ton piqué. — Je dois avouer toutefois que je ne vois pas trop en quel endroit vous serez mieux qu’ici, — ajouta-t-il de l’air de quelqu’un qui réfléchit.

— Vous me faites injure, monsieur, en supposant que je suis capable de vous quitter parce que j’y trouve mon avantage, — répondit Clément avec calme ; — je n’ai aucun emploi plus lucratif qui m’attende, je n’en ai même aucun en vue.

— Vous n’avez pas d’emploi en vue ! — s’écria le second associé, — et cependant vous renoncez à des chances de fortune comme n’en rencontre pas toujours un homme sur mille. Je n’ai pas beaucoup de goût pour deviner les énigmes, monsieur Austin, mais peut-être serez-vous assez bon pour me dire ce qui vous pousse à nous quitter.

— Je regrette d’avoir à vous répondre que cela m’est impossible, monsieur ; le motif pour lequel je quitte cette maison, qui est en quelque sorte un second foyer de famille pour moi, n’est pas un motif frivole, croyez-le