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placé à côté de lui était étalé le nécessaire à dépêches tout ouvert, un grand carafon en cristal plein de bourgogne, ainsi qu’un verre en forme de gobelet, sur un plateau, et une boîte de cigares.

Dunbar demeura assis auprès du feu jusqu’à ce que la nuit fût arrivée, fumant, buvant et lisant le manuscrit. Il ne s’arrêtait de temps en temps que pour prendre sur son contenu des notes au crayon qu’il écrivait sur un petit agenda de poche.

À sept heures seulement, au moment où le valet en livrée qui le servait vint le prévenir que son dîner était servi dans une salle à côté, Dunbar se leva pour remettre le livre dans le nécessaire à dépêches.

Il posa le volume sur la table ; et tandis qu’il replaçait les autres papiers dans le nécessaire, le volume s’ouvrit à la première page.

Sur cette première page était écrit de l’écriture ferme et lisible de Henry Dunbar :

Journal de ma vie dans l’Inde depuis mon arrivée en 1815 jusqu’à mon départ en 1850.

C’était là le livre que le banquier avait étudié pendant toute cette journée d’hiver.

À midi, le lendemain, il se fit amener une voiture et conduire à la maison de banque dans Saint-Gundolph Lane. C’était la première fois que Dunbar mettait les pieds dans la maison de Saint-Gundolph Lane depuis son retour de l’Inde.

Ceux qui connaissaient l’histoire du chef actuel de la maison Dunbar, Dunbar et Balderby, n’étaient nullement étonnés de ce fait. Ils savaient qu’étant jeune homme Dunbar avait contracté les goûts et les habitudes d’un aristocrate, et que s’il était devenu plus tard un homme d’affaires habile et heureux, ce n’était que par suite de la force des circonstances qui l’avaient placé dans une position qu’il haïssait.