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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

— Je ne pourrai, chère mère, vous avouer les motifs que j’ai pour quitter la maison de banque que dans une époque à venir, — lui dit-il. — Jusqu’alors je vous supplie seulement d’avoir confiance en moi et de croire que j’ai agi pour le mieux.

— Je le crois, cher enfant, — répondit la veuve avec gaieté : — je ne vous ai jamais vu agir autrement qu’avec sagesse et prudence.

Son fils unique, son seul enfant, Clément, était le dieu qu’idolâtrait cette simple femme, et s’il avait jugé à propos de la mettre à la porte et de lui dire de mendier à ses côtés dans les rues de la Cité, je suppose qu’elle se serait imaginé que sous ces façons déraisonnables d’agir se cachait quelque projet plein de sagesse. Elle ne s’opposa donc nullement à l’abandon de son emploi dans la maison Dunbar, Dunbar et Balderby.

— Nous serons plus pauvres, je pense, Clément, — dit Mme Austin, — mais c’est là une considération sans importance, car votre cher père m’a laissé assez de fortune pour que je puisse fournir aux dépenses de mon fils unique. Je vous aurai plus souvent à la maison, mon cher enfant, et ce sera là un bonheur.

Mais Clément dit à sa mère qu’il avait juste en ce moment une affaire très-sérieuse qui l’occuperait beaucoup, et que la première démarche nécessitée par cette affaire serait un voyage à Shorncliffe, dans le comté de Warwick.

— Tiens, c’est là que vous étiez en pension, Clément.

— Oui, mère.

— Et c’est tout près de chez M. Percival Dunbar… ou plutôt de la maison de campagne de M. Henry Dunbar.

— Oui, mère, — répondit Clément, — l’affaire dans laquelle je suis engagé est passablement difficile et