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HENRY DUNBAR

nous arrangerons pour avoir une entrevue avec M. Dunbar. Il est prisonnier à Maudesley Abbey où le retiennent les suites de son accident de l’autre jour, mais Balderby dit qu’il n’est pas assez malade pour refuser de recevoir ses visiteurs. Nous pourrons donc comploter une entrevue entre vous et lui. Vous tenez toujours à votre premier projet, vous désirez toujours voir M. Dunbar ?

— Oui, — répondit Margaret, après avoir réfléchi. — Je veux le voir. Je veux regarder face à face l’homme que je crois être le meurtrier de mon père. Je ne sais comment cela se fait, mais cette idée me domine depuis que j’ai appris ce terrible voyage à Winchester, depuis que j’ai su que mon père avait été assassiné en voyageant avec M. Dunbar. Il se peut, comme vous le dites, qu’il soit plus prudent de veiller et d’attendre de peur de donner l’éveil à cet homme. Mais je ne me sens pas capable d’être prudente. Je veux le voir. Je veux le regarder en face et voir s’il osera soutenir mon regard.

— Vous le verrez donc, ma chère amie. L’instinct d’une femme vaut quelquefois mieux que toute la sagesse d’un homme. Vous verrez M. Dunbar. Je sais que mon ancien ami de collège, Lovell, m’aidera de cœur et d’âme. Je suis retourné chez les agents de Scotland Yard et je leur ai raconté minutieusement la scène qui s’est passée à Saint-Gundolph Lane. Ils se sont contentés de hausser les épaules en disant que cela était étrange, mais que cela ne suffisait pas pour agir. Lovell peut nous aider mieux que personne, car il a assisté à l’enquête et à l’interrogatoire des témoins à Winchester.

Si Margaret et Clément eussent eu un autre projet en tête que celui qui les conduisait dans le comté de Warwick, le voyage à Shorncliffe aurait pu être très-agréable pour eux.