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HENRY DUNBAR

passé triomphalement les voitures publiques ayant nom les Rapides et les Électriques.

La maison était vieille et spacieuse, avec de longs corridors, de larges escaliers, de grandes rampes en chêne poli, et des marches usées par le frottement. Les chambres étaient vastes et hautes, et leurs fenêtres cintrées étaient si brillantes de propreté qu’elles donnaient le frisson par cette journée d’hiver et amenaient les esprits vulgaires à s’imaginer qu’un peu de boue ou de fumée les ferait paraître plus chaudes et plus confortables. À coup sûr si on pouvait reprocher quelque chose au Grand-Cerf c’était d’être trop propre. Tout y était luisant de propreté, depuis les housses des fauteuils nouvellement blanchies jusqu’au seau à charbon en cuivre qui brillait à côté des chenets étincelants. Il y avait dans les chambres à coucher de vagues odeurs de savon que la lavande ne pouvait chasser. Il y avait des effluves de vitriol tout autour des objets en cuivre très-abondants au Grand-Cerf, et s’il existe des ornements qui soient plus que d’autres à même de faire grelotter, à coup sûr les ornements en cuivre parfaitement polis sont du nombre.

S’il fallait croire le maître d’hôtel, il n’était pas de plat inventé par un cuisinier mortel que le voyageur installé au Grand-Cerf ne pût avoir, mais quelles que fussent les idées ambitieuses du susdit voyageur au sujet de son dîner, elles aboutissaient toujours de manière ou d’autre à la commande d’un poulet, d’une tranche de jambon frit, de quelques côtelettes et d’une tarte. En certains jours particuliers il était possible de trouver au Grand-Cerf plusieurs espèces de poissons, mais il était rare que le voyageur eût la chance d’arriver au bon moment.

Clément installa Margaret et la veuve dans un salon où quarante personnes environ se fussent trouvées fort à leur aise. La fenêtre en saillie était assez grande