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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

pour que toute une petite famille y prît place, et ce fut là que Mme Austin s’assit pendant que le maître d’hôtel s’escrimait auprès d’un feu qui ne voulait pas brûler et refusait de reconnaître que la grille était humide.

Clément eut à subir la petite comédie d’habitude relativement à la commande du dîner et finit naturellement par le poulet traditionnel et les côtelettes.

— Je n’ai plus ce vigoureux appétit que j’avais il y a quinze ans, monsieur Gilwood, — dit-il à l’hôtelier, — ainsi que ma mère qui est là-bas et qui n’a pas vieilli de quinze jours en ces quinze ans (que Dieu la bénisse, cette bonne mère !) quand elle venait me voir à la pension sur la route de Lisford et me donnait à dîner dans cette chère vieille salle. Je trouvais à cette époque que vos côtelettes étaient le plus fin régal que pût apprêter un cuisinier terrestre, monsieur Gilwood, et cette salle me semblait ce qu’il y avait de mieux au monde. Vous connaissez M. Lovell… M. Arthur Lovell ?

— Oui, monsieur, et c’est un bien charmant jeune homme.

— Il est établi à Shorncliffe, je suppose ?

— Je crois que oui, monsieur. Il avait été question de son départ pour l’Inde en qualité d’employé du gouvernement ou de quelque chose de ce genre, mais j’ai entendu dire que c’était rompu et que M. Arthur allait s’associer avec son père. On prétend que ce jeune homme est un homme de loi très-habile.

— Tant mieux, — répondit Clément, — car j’ai à le consulter pour une petite affaire. À bientôt, mère. Ayez soin de Margaret, et mettez-vous à votre aise autant que possible. Je crois que le feu brûlera maintenant, monsieur Gilwood. Je ne m’absenterai pas plus d’une heure. Je viendrai vous prendre pour faire une petite prome-