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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

viner, mon pauvre cher cœur. Je sais combien ces pensées-là vous affligent toujours.

Clément n’était pas venu à Shorncliffe depuis trois ans. Il avait visité Maudesley Abbey plusieurs fois pendant la vie de Percival Dunbar, car il avait été le favori du vieillard, et il avait passé quatre ans dans une pension tenue par un pasteur de l’Église d’Angleterre sur la route de Lisford.

La ville de Shorncliffe était donc familière à Clément et il ne regarda ni à droite ni à gauche en se dirigeant vers l’arche de l’église de Sainte-Gwendoline auprès de laquelle était située la maison de M. Lovell.

Il y trouva Arthur qui fut charmé de revoir son vieux camarade. Les deux jeunes gens se rendirent dans une jolie petite chambre à panneaux en boiserie ayant vue sur le jardin, qu’Arthur appelait son cabinet, et ils y passèrent plus d’une heure à discuter sur les circonstances du meurtre de Winchester et sur la conduite de Dunbar depuis cet événement.

Pendant cette entrevue, Clément s’aperçut très-bien qu’Arthur en était arrivé à la même conclusion que lui, quoique le jeune avoué hésitât à exprimer son opinion.

— Je ne puis me faire à une pareille idée, — dit-il, — je connais Laura… lady Jocelyn, veux-je dire… et c’est trop horrible pour moi de m’imaginer que son père est coupable de ce crime. Quels seraient les sentiments de cette innocente jeune femme s’il en était ainsi, et si le crime de son père allait être prouvé !

— Oui, ce serait évidemment terrible pour lady Jocelyn, — répondit Clément, — mais cette considération ne doit pas empêcher la justice de suivre son cours. Je crois que la position de cet homme a été comme un bouclier derrière lequel il s’est abrité depuis le commencement. Le public a regardé comme une chose presque impossible que Dunbar eût commis