Page:Braddon - Henry Dunbar, 1869, tome II.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
68
HENRY DUNBAR

affable de son père, que les gens établissaient constamment la comparaison entre le mort et le vivant.

Telle est, en quelques mots, la substance de ce que la bonne femme mit longtemps à raconter. Mme Crumbleton donna à Clément toutes les informations qu’il désirait sur les allures quotidiennes du banquier. Dunbar avait en ce moment l’habitude de se lever vers deux heures de l’après-midi et se faisait porter de sa chambre à coucher dans son salon, où il restait jusqu’à sept ou huit heures du soir. Il n’avait pas de visiteurs, excepté le chirurgien Daphney, qui habitait l’abbaye, et un gentleman nommé Vernon qui avait acheté Woodbine Cottage, auprès de Lisford, et qui était de temps en temps admis dans le salon de Dunbar.

C’était là tout ce que voulait savoir Clément. Assurément il serait possible, avec un peu d’habileté, de prendre le banquier à l’improviste et d’amener l’entrevue si longtemps retardée entre lui et Margaret.

Clément retourna au Grand-Cerf, eut une courte conversation avec Margaret, et prit tous ses arrangements.

À quatre heures de l’après-midi, Mlle Wilmot et son prétendu quittèrent le Grand-Cerf en cabriolet, et à cinq heures moins un quart, le véhicule s’arrêta aux portes de la loge.

— Je vais aller à pied jusqu’à la maison, — dit Margaret ; — mon arrivée n’éveillera pas autant l’attention. Mais je puis être retenue pendant quelque temps, Clément. Je vous en prie, ne m’attendez pas. Votre chère mère s’alarmerait si vous étiez très-longtemps absent. Retournez auprès d’elle et renvoyez-moi le cabriolet.

— Pas du tout, Margaret. Je vous attendrai, si longue que soit votre entrevue. Croyez-vous que mon cœur ne soit pas aussi vivement intéressé que le vôtre à tout ce qui peut avoir de l’influence sur votre des-