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HENRY DUNBAR

de la voir aujourd’hui comme il a déjà refusé tant de fois.

Margaret trouva le valet de pied adossé à l’un des piliers du porche gothique, et contemplant d’un air pensif, tout en jouant avec un cure-dent en or, la lueur décroissante de l’horizon jaune et rouge derrière les troncs bruns des ormeaux.

La vue de la porte ouverte du vestibule et de ce valet de pied languissant qui flânait sous le porche, suggéra tout à coup une idée nouvelle à Margaret. Ne serait-il pas possible de passer sans bruit à côté de cet homme, et de se diriger tout droit vers les appartements de Dunbar sans être arrêtée ni questionnée ?

Clément lui avait montré du doigt les fenêtres des appartements occupés par le banquier. Ces appartements étaient à gauche en entrant dans le vestibule. Il ne lui serait pas impossible de découvrir la porte qui y menait. Il faisait sombre ; elle était très-simplement vêtue, et portait un chapeau de paille noire et un voile rabattu sur sa figure. À coup sûr elle pourrait tromper un nonchalant valet en affectant d’être une habituée de la maison, dont le personnel était évidemment très-nombreux.

Dans ce cas, elle n’avait certainement pas le droit de se présenter à la porte principale ; mais avant que le valet fût revenu de l’indignation produite par l’impertinence dont elle faisait preuve, elle glisserait rapidement devant lui et arriverait à la porte des appartements, où le banquier cachait lui et son crime.

Margaret s’arrêta un moment dans l’avenue, épiant l’occasion favorable pour faire cette tentative. Elle attendit cinq minutes environ.

La courbe que décrivait l’avenue la dérobait presque complètement aux yeux du valet, qui ne dirigea pas ses regards vers l’endroit où elle était debout.

Une volée de grolles traversa tout à coup l’air au-