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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

dessus de sa tête, criant et caquetant comme si elles eussent été une brigade de pompiers ornithologiques accourant pour éteindre les flammes de quelque gîte à grolles éloigné.

Le valet qui souffrait vivement de cette maladie qui consiste à ne savoir que faire de sa personne, sortit du porche et se planta au milieu de l’allée carrossable en tournant le dos à Margaret pour suivre de l’œil le vol des oiseaux.

Ce fut là l’occasion désirée. La jeune fille s’élança vers la porte avec légèreté, et son pas fit si peu de bruit sur le sable de l’allée, que le valet n’entendit rien jusqu’au moment où elle atteignit le porche. Là, le bas de la robe de Margaret, en frôlant les piliers, tira le flâneur de son espèce d’extase ou de rêverie.

Il pivota rapidement sur lui-même et regarda, tout étonné, la forme qui disparaissait sous le porche.

— Oh hé ! là-bas, jeune femme, — s’écria-t-il sans bouger de son poste, — où allez-vous ainsi ? Qu’est-ce que c’est que cette manière de pénétrer dans la maison par cette entrée ? Ne savez-vous donc pas quelle différence il y a entre le vestibule et la porte des domestiques ?

Mais le languissant serviteur prêchait au vent. La main de Margaret se posait sur le bouton massif de la porte ouvrant à gauche du vestibule, avant que le valet lui eût adressé sa dernière question.

Il écouta pour entendre les paroles d’excuse de la jeune femme ; mais n’entendant rien, il en conclut qu’elle avait trouvé son chemin vers l’office, où elle avait probablement quelque chose à faire avec l’une des femmes employées dans la maison.

— Une couturière, je pense, — se dit le valet ; — ces jeunes filles dépensent tous leurs gages à s’acheter de beaux falbalas, au lieu de se conduire comme de respectables jeunes femmes, et d’économiser en