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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

sans même lui donner le temps de murmurer une seule prière. Je vais me trouver face à face avec lui !

Sa respiration était oppressée ; et tout dans la chambre, éclairée par la lueur du foyer, dansait devant ses yeux lorsqu’elle en franchit le seuil et pénétra dans cette pièce où Dunbar était seul et assis devant le feu.

Il était enveloppé dans des couvertures très-épaisses en laine rouge, et la peau de léopard était enroulée autour de ses jambes. Un chien de la race des bouledogues reposait aux pieds du banquier à moitié caché par les plis de la fourrure. La tête de Dunbar était abaissée vers le feu, et il était plongé dans une espèce d’assoupissement lorsque Margaret apparut dans la chambre.

Il y avait une chaise inoccupée en face du fauteuil sur lequel était assis le banquier. Cette chaise, en chêne sculpté, était façonnée à l’antique et avait un dossier élevé et des coussins en maroquin. Margaret s’approcha doucement de cette chaise et posa sa main sur le dossier ; son pas fut assourdi par l’épais tapis de Turquie. Le banquier ne fut pas tiré de son assoupissement et le chien lui-même continua à dormir.

— Monsieur Dunbar ! — s’écria Margaret d’une voix claire et résolue, — éveillez-vous ; c’est moi, Margaret Wilmot, la fille de l’homme qui a été assassiné dans le petit bois près de Winchester !

Le chien s’éveilla et se mit à aboyer. L’homme releva la tête et la regarda ; le feu lui-même sembla se ranimer au bruit de la voix de la jeune fille, car un petit jet de flamme s’élança d’une bûche consumée et éclaira la figure épouvantée du banquier.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Clément avait promis à Margaret de l’attendre avec patience, et il avait voulu tenir sa promesse. Mais il y a des limites à tout, même à la patience d’un amant, fût-il le plus parfait chevalier errant qui ait jamais