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HENRY DUNBAR

et les femmes qui vendaient des colliers de chien à l’ombre sinistre de l’édifice.

Peut-être bien la figure du banquier devint-elle un peu plus pâle après cette contemplation. Les coins de sa bouche frémirent au moment où il descendit de voiture devant les portes en acajou de la maison de banque de Saint-Gundolph Lane. Mais il respira à pleins poumons et se redressa droit et fier en poussant la porte et en entrant.

Jamais, depuis le jour de la découverte des faux billets, cet homme n’était rentré dans la maison de banque. De sombres pensées lui revinrent à l’esprit, et sa figure s’assombrit horriblement en jetant un rapide regard tout autour du bureau familier.

Il se dirigea tout droit vers le cabinet particulier dans lequel cette scène au souvenir vivace s’était passée il y avait trente-cinq ans. Mais avant d’arriver à la porte qui menait du bureau affecté au public à la partie de la maison où se trouvait le cabinet de l’associé directeur, il fut arrêté par un homme à tournure distinguée qui abandonna son pupitre situé dans un angle obscur et qui questionna l’étranger au passage.

Cet homme était Austin, le caissier.

— Désirez-vous voir M. Balderby, monsieur ? — demanda-t-il.

— Oui. J’ai un rendez-vous avec lui à une heure. Mon nom est Dunbar.

Le caissier s’inclina et ouvrit la porte. Le banquier passa le seuil qu’il n’avait pas franchi depuis trente-cinq ans.

Mais pendant que Dunbar s’avançait vers le cabinet particulier sur le derrière de la maison de banque, il s’arrêta une minute et regarda le caissier.

Austin était presque aussi pâle que Dunbar lui-même.

Il avait entendu parler de la visite projetée du ban-