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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

— Comment ! mais Margaret est avec vous, n’est-ce pas ? — s’écria-t-elle.

— Non, ma mère ; je m’attendais à la trouver ici.

— Vous l’avez donc quittée ? — Non, pas précisément ; c’est-à-dire que…

Clément ne finit pas sa phrase. Il marchait lentement de long en large en réfléchissant, tandis que sa mère le regardait avec inquiétude.

— Mon cher Clément, — s’écria enfin Mme Austin, — vous m’alarmez véritablement beaucoup. Vous êtes parti cette après-midi avec Margaret pour quelque mystérieuse entreprise ; et, bien que je vous aie demandé à tous deux où vous alliez, vous vous êtes refusés tous deux à satisfaire cette curiosité bien naturelle, et vous aviez l’air aussi graves que si vous alliez assister à des funérailles. Puis, après avoir commandé le dîner pour sept heures, vous l’avez laissé attendre pendant près de deux heures ; et vous revenez sans Margaret, et vous semblez inquiet en ne la voyant pas ici. Que veut dire tout ceci, Clément ?

— Je ne puis vous le dire, ma mère.

— Comment !… l’occupation d’aujourd’hui fait donc partie de votre secret ?

— Oui, — répondit le jeune homme. — Je ne puis que répéter ce que je vous ai déjà dit, ma mère… ayez confiance en moi.

La veuve soupira et haussa les épaules.

— Je vois qu’il faut que je me trouve satisfaite, Clément, — dit-elle ; — mais c’est la première fois qu’il y a quelque chose de semblable à un mystère entre vous et moi.

— C’est vrai, ma mère ; et j’espère que ce sera la dernière.

Le vieux serviteur, qui se rappelait les beaux jours des diligences et qui feignait de croire que l’hôtel du