Page:Braddon - Henry Dunbar, 1869, tome II.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
85
HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

de Wilmot avait été pendant assez longtemps le sujet de conversation et de discussion pour les habitants de la ville de Shorncliffe, et ce nom familier frappa les oreilles du docteur.

— À quoi vais-je penser ? — se dit Vincent. — Ce nom est très-commun !

Clément se rendit à la chambre de sa mère et frappa doucement à la porte. La veuve sortit bientôt pour venir à lui.

— Comment est-elle à présent ? — demanda Clément.

— Je ne saurais vous le dire, ses façons m’effrayent. Elle est couchée sur son lit, aussi immobile qu’un cadavre et les yeux fixés sur le mur qui est en face d’elle. Quand je lui parle, elle ne me répond même pas par un regard ; mais si je m’approche d’elle, elle frissonne et fait entendre un soupir long et frémissant. Que veut dire tout ceci, Clément ?

— Dieu le sait, ma mère. Je ne puis que vous dire qu’elle allait à un rendez-vous qui, certainement, était fait pour produire un immense effet sur son esprit. Mais je n’avais pas idée que cet effet pourrait amener p un semblable résultat. Le médecin peut-il entrer ?

— Oui ; il ferait bien de venir tout de suite.

Clément retourna au salon, et y resta pendant que Vincent alla voir Margaret. Le pauvre garçon croyait qu’il y avait déjà une heure que le docteur était sorti, tant l’angoisse de cette attente lui parut insupportable.

À la fin cependant, le craquement des pas de l’homme de science résonna dans le corridor. Clément s’élança vers la porte à sa rencontre.

— Eh bien ! — s’écria-t-il avec anxiété.

Vincent secoua la tête.

— C’est un cas pour lequel mes services ne peuvent être que d’un faible secours, — dit-il. — Cette jeune