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HENRY DUNBAR

au lit et s’endormit, car il était exténué par la fatigue de la journée et l’inquiétude de la nuit. Le pauvre Clément s’endormit et rêva qu’il rencontrait par un beau clair de lune, dans le parc qui entourait Maudesley, Margaret marchant avec un « homme mort » dont le visage lui était étranger. C’était le dernier des rêves qu’il avait eus, tous plus ou moins grotesques ou épouvantables, mais aucun n’était aussi effrayant ni aussi distinct que celui-ci. La fin de la vision éveilla Clément en sursaut ; et il ouvrit les yeux à la froide lueur de l’aube, qui semblait plus particulièrement froide dans cette chambre de l’hôtel du Grand-Cerf.

Clément ne perdit point de temps à sa toilette. Il regarda sa montre, tout en s’habillant, et vit qu’il était sept heures et demie du matin. Il était huit heures moins un quart lorsqu’il quitta sa chambre, et alla à celle de sa mère pour demander des nouvelles de Margaret. Il frappa doucement, mais il n’y eut point de réponse ; alors, il essaya d’ouvrir le bouton de la porte, et, trouvant qu’on ne l’avait point fermée à la clef, il l’entr’ouvrit avec beaucoup de précaution et entendit la respiration régulière de sa mère.

— Elle dort, la pauvre âme, — se dit-il ; — je ne veux pas la déranger, car elle doit avoir besoin de repos après avoir veillé la moitié de la nuit.

Clément referma la porte avec aussi peu de bruit qu’il l’avait ouverte, puis il se dirigea doucement vers le salon.

Il y avait un grand feu qui pétillait dans la grille brillante ; et l’infatigable domestique, qui refusait de croire à l’extinction des diligences et de la malle, avait préparé le service du déjeuner qui avait un aspect glacial — des tasses bleues et blanches avec leurs soucoupes sur une nappe d’un blanc de neige ; un pot à crème en cristal taillé, qui semblait avoir été coupé dans de la glace, et une fontaine à thé en cuivre du dernier mo-