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HENRY DUNBAR

— Oui, — dit Margaret après un silence. — J’ai été très-heureuse. J’ai pu me faire recevoir dans les salons de M. Dunbar.

— Et vous lui avez parlé ?

— Oui.

— Votre entrevue avec lui a-t-elle confirmé ou dissipé vos soupçons ?… Croyez-vous encore que M. Dunbar a tué votre père ?

— Non, — répondit résolument Margaret, — je ne le crois pas.

— Vous ne le croyez pas ? Alors le banquier vous a convaincue de son innocence ?

— Je ne crois pas que M. Dunbar ait assassiné mon malheureux père.

Il est impossible de décrire le ton d’angoisse avec lequel Margaret prononça ces derniers mots.

— Mais il a dû transpirer quelque chose dans cette entrevue à Maudesley Abbey ? M. Dunbar vous a raconté quelque chose… peut-être au sujet de votre père mort, quelque secret déshonorant dont vous n’aviez jamais entendu parler auparavant, et vous pensez que la honte de ce secret serait un fardeau que je redouterais de porter ? Vous vous trompez sur mon caractère, Margaret, et vous faites une grande injure à mon amour. Soyez ma femme, chère âme, et si le monde vous montrait au doigt en disant : « La femme de Clément Austin est la fille d’un voleur et d’un faussaire, » je lui rendrais mépris pour mépris, et je lui crierais bien haut que j’aime et respecte ma femme pour des vertus qui ont fait souvent défaut à l’épouse d’un roi.

Pour la première fois de la matinée les yeux de Margaret devinrent humides, mais de sa tremblante main elle essuya vivement les larmes qui s’amoncelaient sous ses paupières.

— Vous êtes un brave cœur, Clément, — dit-elle ; —