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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Le capitaine ne fut pas long.

Sa chambre à coucher était une petite pièce derrière le parloir ; il y entra pour faire son paquet, tout en continuant de causer avec celui qui l’employait.

« Si vous arrivez sur le terrain assez à temps, vous pourrez obtenir de jeter un coup d’œil sur les lettres avant qu’elles soient livrées à Haukehurst, ou bien vous pourrez mettre une enchère sur lui, dit Sheldon ; mais n’oubliez pas que, quoi que vous fassiez, il faut agir de manière à ce que ni Haukehurst ni George ne s’aperçoivent de nos démarches. S’ils se doutaient une fois que nous sommes sur leurs traces, nous perdrions toutes nos chances, car ils ont des renseignements et nous n’en avons pas ; ce n’est qu’en les suivant de près que nous pouvons espérer en obtenir.

— Cela est entendu, répliqua le capitaine, son sac de nuit à la main. Je m’en tiendrai aussi près que possible, vous pouvez y compter. Ce ne sera pas ma faute si Valentin me voit ou entend parler de moi. À propos, j’aurai besoin d’argent. Dans ces sortes d’affaires, on ne peut pas faire un pas sans avoir la main à la poche.

— Je sais parfaitement cela. Je me suis arrêté en venant à la Banque Unitas, où j’ai pris quarante livres. Vous pourrez suborner bien des gens avec quarante livres dans une ville comme Ullerton. Ce que vous avez principalement à faire est d’avoir l’œil sur Haukehurst et de suivre toutes les voies de renseignements qu’il ouvrira pour vous. Il a le fil du labyrinthe, ne l’oubliez pas, la pelote de coton que la jeune femme donna au Romain. Tout ce que vous pouvez faire de mieux est de vous attacher à lui et de le prendre pour conducteur, continua Sheldon en consultant sa montre. Cette question des lettres sera difficile, car nous avons là les