Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome I.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
120
L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

« Que pensez-vous d’une recherche du côté des Haygarth ? » demanda-t-il de nouveau, car il lui avait semblé qu’à sa première mention du nom de Haygarth Sheldon avait légèrement faibli.

Cette fois, cependant, celui-ci ne trahit aucune émotion, mais sans nul doute il était maintenant sur ses gardes.

« En vérité, je ne vois pas comment il pourrait surgir un réclamant de ce côté-là, dit-il négligemment, vous le voyez vous-même, d’après ce que vous a rapporté votre vieil hôtelier, que je crois être dans le vrai, Jonathan Haygarth n’avait qu’un seul fils, un certain Matthieu, qui s’est marié avec une Rébecca telle et telle, et n’a eu à son tour qu’un seul fils, l’ab intestat John. Cela étant, d’où votre héritier pourrait-il venir, excepté du côté de la sœur de Matthieu, Ruth qui a épousé Peter Judson ?

— Ne peut-il pas se faire que Matthieu se soit marié deux fois et ait eu d’autres enfants ? Les lettres suggèrent certainement l’idée d’une alliance secrète quelconque contractée par Haygarth et l’existence d’une famille à laquelle il paraît avoir été très-attaché. Ma première idée à ce sujet a été que ce pouvait être une simple liaison ; mais s’il en eût été ainsi, j’aurais peine à comprendre la confidence du fait par Matthieu à sa sœur, quelque relâchée qu’eût pu être la morale de cet homme. Les lettres de Mme Matthieu Haygarth font également allusion à un mystère dans la vie de son mari. N’est-il pas à présumer que cette famille cachée a pu être légitime ?

— Cette idée ne me paraît pas très-claire, répondit Sheldon d’un ton pensif. Il me semble très-peu probable qu’un mariage quelconque de Haygarth ait pu rester