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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Satisfait de tenir enfin l’histoire de Susan et muni de toutes les informations qu’il pouvait espérer obtenir de ce côté-là, Horatio se mit à réfléchir à ce qu’il lui restait maintenant à faire.

Il demeura convaincu que, même pour son esprit hasardeux, c’était une entreprise difficile, qu’il aurait peine à conduire à bonne fin sans l’aide d’un habile généalogiste.

« George a voué sa vie entière à ces sortes de choses et il est de plus un bon avocat, se dit le capitaine à lui-même. Pour espérer de l’emporter sur lui il faut que j’aie à mes côtés un homme aussi fort que lui en ces matières. »

Cette nécessité une fois admise, le capitaine se mit à chercher où il pourrait trouver la personne convenable.

Il ne chercha pas longtemps.

Une affaire, parmi les nombreuses transactions auxquelles le capitaine avait pris part, l’avait mis en rapport avec un très-respectable petit Français, nommé Fleurus, lequel avait commencé sa carrière comme notaire ; mais, ne trouvant pas cette profession assez productive, il était devenu un fort chasseur de généalogies, un chercheur d’héritages ; il n’avait jusqu’alors travaillé que de petites affaires.

Fleurus n’avait pas eu souvent la bonne fortune de mettre ses doigts déliés sur un grand gâteau, mais il avait trouvé moyen de gagner pas mal d’argent, ayant eu la chance de rencontrer des clients reconnaissants.

« Voilà l’homme des hommes ! » pensa Paget.

Et le lendemain, de bonne heure, il se rendit au bureau de Fleurus, muni de tous les documents relatifs à la succession Haygarth.