Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome I.djvu/146

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
142
L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

L’on parle de la démolir, et l’idée de la quitter lui est infiniment pénible, Elle demeure seule et donne des leçons de musique. La maison a plusieurs fois changé de propriétaires. La pension a également été cédée plusieurs fois. Des étudiants en droit et en médecine y ont passé comme les ombres d’une lanterne magique, pendant que la pauvre âme est restée tranquille dans sa petite chambre du quatrième et a toujours gardé son même vieux piano.

« C’est dans cette maison qu’elle a connu Susan Meynell et un jeune Français, qui en est tombé amoureux, car elle était belle comme un ange, à ce que m’a dit cette dame. Enfin, elle me donna tous les détails nécessaires. Je me borne à vous dire que j’ai appris où le mariage avait eu lieu, que je me suis procuré une copie du registre sur lequel il est inscrit, que j’ai fait tout ce qu’il fallait. Il suffit de vous dire que c’est un bel et bon mariage, un mariage parfaitement régulier, et que déjà je me suis mis en rapport avec l’héritier de ce mariage, lequel demeure à une faible distance de cette ville.

« Mes travaux, mes succès, je n’en parle plus ; ils trouveront sans doute leur récompense dans l’avenir. J’ai dépensé beaucoup d’argent pendant tout ce temps.

« Croyez-moi, monsieur, votre dévoué serviteur,

« Jacques-Rousseau Fleurus. »

Ce fut cette missive qui décida le capitaine à confier sa précieuse personne aux vents et aux vagues, malgré le temps peu engageant de la fin de décembre.

Il fut très-satisfait d’apprendre que Fleurus avait fait d’aussi importantes découvertes, mais il n’eut nulle-