Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome I.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
146
L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

simuler son chagrin et l’amère tristesse, domptée par la force de sa résolution, disparut.

Pour Valentin et Charlotte, les journées brumeuses qui suivirent celles de Noël furent une période de tranquillité.

L’amoureux agréé était libre de venir à la villa à sa guise, mais comme par le passé, il prenait soin de ne pas abuser de la permission.

Une fois par semaine seulement il se permettait le grand bonheur de venir, à cinq heures, prendre le thé dans le salon de Mme Sheldon.

Il apportait à Charlotte toutes les nouveautés de son petit monde littéraire et un bon nombre de renseignements intéressants puisés dans les brochures, les journaux qu’il avait lus.

Lorsqu’il plaisait à Sheldon de l’engager à venir dîner le dimanche, il acceptait joyeusement ; et ces invitations du dimanche devinrent bientôt une chose entendue, qui allait de soi.

« Vous feriez tout aussi bien de venir passer tous vos dimanches avec nous, lui avait dit un jour Sheldon avec un cordial abandon ; le dimanche doit vous paraître bien triste dans votre appartement meublé ?

— Oh ! oui, papa, s’était écrié Charlotte, il les trouve très-tristes…, affreusement tristes…, n’est-ce pas, Valentin ? »

Elle dit cela en le regardant avec cet air doux et tendre, presque maternel, que les jeunes fiancées sont disposées à accorder à leurs prétendus.

Mlle Halliday était très-reconnaissante envers son beau-père de ses bontés pour son amoureux sans fortune, et montrait combien elle appréciait sa conduite par toutes sortes de petites mines caressantes qui eus-