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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Les écrits de Haukehurst sur Lauzun, Brummel, Sardanapale, Rabelais, Lord Chersterfield, Érasme, le beau Nash, Appelles, Galilée, et Philippe d’Orléans, étaient très-demandés ; le public s’étonnait de cette prodigieuse facilité de production.

Valentin avait commencé à mettre de l’argent de côté et s’était fait ouvrir un compte de dépôt chez un banquier.

Avec quelle joie il considérait ces reçus de dépôt dans le silence de la nuit, toutes les fois qu’il pouvait en ajouter un nouveau.

Lorsqu’il en eut assez pour former une somme de quarante livres, il porta les reçus à Charlotte.

Elle les regarda, et il les regarda lui-même, comme si ces pauvres petits imprimés eussent été des échantillons d’or vierge provenant d’une mine récemment découverte par Haukehurst.

Puis ces deux enfants s’embrassèrent comme William Lee et sa femme ont dû s’embrasser lorsque l’étudiant sans fortune eut achevé son invention du métier à tisser les bas.

« Quarante livres ! s’exclama Mlle Halliday. Tout cela gagné par votre plume et par vos pauvres doigts et par votre pauvre tête ! Comme elle doit vous faire mal après que vous avez travaillé toute une longue journée ! Comme vous devez être savant, Valentin ?

— Oui, chère, étonnamment savant. Assez pour savoir que vous êtes la fille la plus chérie de toute la chrétienté.

— Ne dites pas de sottises, monsieur ; vous n’êtes pas encore assez savant pour obtenir ce privilège avant quelque temps… Je veux dire comme vous devez être instruit pour savoir tant de choses sur Érasme sur Galilée, sur…