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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

liday de lui abandonner un cinquième de toute somme qui pourrait être recouvrée au moyen de ces papiers.

Cet engagement avait été obtenu avec la plus grande facilité.

« Mon frère a mis dans sa sage tête qu’il y a quelques fonds non réclamés, provenant de votre grand-père auxquels vous avez droit, Charlotte, avait dit un matin Sheldon. Il veut les réclamer pour vous, à condition que vous lui donnerez un cinquième de la somme, quand elle sera recouvrée, Avez-vous quelque objection à faire contre un engagement de ce genre ?

— Cher papa, quelle objection pourrais-je avoir à faire ? s’était gaiement écriée Charlotte. Des fonds… c’est de l’argent, n’est-ce pas ? Quelle chance nous avons et comme nous devenons riches !

— Nous !

— Valentin et moi, murmura la jeune fille en rougissant. Je ne puis m’empêcher de penser à lui quand une bonne fortune m’arrive. Qu’en direz-vous, papa ? Il a mis de côté quarante livres en moins de trois mois… gagnées par sa plume, rien que sa plume ! »

Mlle Halliday prononça ces derniers mots avec un enthousiasme charmant.

Charlotte signa, sans le lire, l’engagement réclamé, que son beau-père régularisa ensuite en signant aussi comme témoin.

« Dans vos conversations avec votre mère et Valentin, je vous conseille de garder le silence sur cette petite affaire, aussi bien que sur le reste de votre fortune personnelle, remarqua aussitôt Sheldon.

— Est-ce que je ne puis le dire à Valentin ? s’écria Charlotte en faisant une très-longue mine. J’aurais été bien contente de lui en parler… seulement de ces fonds.