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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

tante Cydalise, la tranquille dame de Beaubocage, de son grand-père, de sa grand’mère, des vieux serviteurs, et d’autres choses encore.

Il raconta l’histoire de sa famille avec une naïveté d’enfant, exempte de tout égoïsme, semblant très-satisfait de l’intérêt que Diana paraissait prendre à son récit.

Il n’avait pas le moindrement conscience que le diplomate Horatio le stimulait à parler de ces choses pour lui rendre la conversation agréable ; cet archi-diplomate savait qu’il n’est rien dont l’homme aime autant à parler que de ses propres affaires, lorsqu’il trouve une excuse convenable pour le faire.

La pendule sonna neuf heures pendant que Diana écoutait avec un réel intérêt.

Cet aperçu d’une existence si différente de la sienne était un soulagement aux réflexions pénibles qui, dans ces derniers temps, avaient rempli sa vie.

Elle se leva en sursaut en entendant sonner l’heure.

« Qu’y a-t-il, Cendrillon ? s’écria son père. Avez-vous dépassé votre heure et craignez-vous que la fée votre marraine ne soit en colère ?

— Personne ne sera en colère, papa ; mais je ne Comptais pas rester aussi tard. Je suis fâchée que votre description de la Normandie ait été si intéressante, monsieur Lenoble.

— Venez visiter Vire et Cotenoir, vous en jugerez par vous-même. L’Hôtel de Ville de Vire est presque aussi beau que celui de Louvain et nous avons une cathédrale qui remonte au temps de Dagobert.

— Elle les verra avant peu, dit le capitaine. Mes affaires me ramèneront à Rouen avant la fin du mois prochain et, si elle a été bonne fille, je l’emmènerai avec moi. »