Diana, stupéfaite, regarda son père avec le plus vif étonnement.
Que pouvait signifier ce subit déploiement d’affection ?
« Je ne serais pas libre de vous accompagner, papa, lors même qu’il vous serait possible de m’emmener, répliqua-t-elle avec quelque froideur, j’ai d’autres devoirs à remplir. »
Elle ne doutait pas qu’il n’y eût quelque motif caché, quelque méchante combinaison au fond de ce changement dans la conduite du capitaine ; elle ne pouvait s’empêcher de laisser percer son mépris.
Le rusé Horatio vit qu’il avait été un peu trop loin, que sa fille unique n’était pas d’une pâte à se laisser pétrir à volonté par ses adroites mains.
« Vous viendrez me voir encore, Diana, dit-il d’un ton suppliant, je suis probablement condamné à rester prisonnier dans cette chambre, encore une semaine, au moins.
— Certainement, papa, je viendrai si vous le désirez, Quand voulez-vous que je vienne ?
— Voyons un peu…, c’est aujourd’hui jeudi ; pouvez-vous venir lundi prochain ?
— Oui, je viendrai lundi. »
On envoya chercher une voiture et Mlle Paget y fut conduite par Lenoble, qui montra une inquiétude pleine de galanterie à propos de son petit voyage.
Il voulait qu’il se fît aussi confortablement que possible ; il eut l’attention de fermer les carreaux des portières.
Diana arriva à dix heures à Bayswater ; mais comme il lui était défendu de parler de Lenoble, elle ne put rendre qu’un compte fort insignifiant de sa soirée.