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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

« Il ne pourra qu’être charmé, » répéta le vieillard sur un léger ton de galanterie.

Il pensait à la réunion de Beaubocage avec Cotenoir et il lui semblait tout simple qu’une pareille union de domaines entraînât celle d’un homme et d’une femme pour l’éternité.

« Ce ne sera pas seulement un mariage de convenance, dit le baron avec enthousiasme, ma fille a un assez mauvais caractère… je veux dire que ma fille trouve la vie assez ennuyeuse entre ses vieux père et mère, et je pense qu’elle sera plus heureuse dans la société d’un mari. J’aime votre fils, ma femme l’aime aussi. Madelon s’est souvent rencontrée avec lui lorsqu’elle est venue de son couvent à la maison, pendant les vacances, et j’ai lieu de croire qu’il ne lui déplaît pas. S’il l’aime et qu’elle ait de l’affection pour lui, si cette idée vous est agréable à vous et à Madame, nous en ferons un bon mariage. Sinon, les choses en resteront là et nous n’en parlerons plus. »

De nouveau le seigneur de Beaubocage assura son ami que Gustave serait enchanté de la proposition, et c’était encore à Cotenoir qu’il pensait et pas du tout aux sentiments de son fils.

Cette conversation avait eu lieu à la fin de l’automne. Gustave devait venir pour le nouvel an ; on ne devait rien lui dire au sujet de sa future femme avant son arrivée ; c’était un point sur lequel le baron avait beaucoup insisté.

« Le jeune homme peut être tombé amoureux de quelque jolie Parisienne, dit-il, et s’il en était ainsi, nous ne lui dirions rien de Madelon ; mais si nous trouvons son cœur libre et disposé à s’émouvoir pour ma fille, nous l’encouragerons. »