Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome I.djvu/245

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
241
L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

ne se plaignit pas de son enfance négligée, de sa jeunesse sans joie ; mais elle dit à Gustave que son père avait été un aventurier, vivant dans une société douteuse, et gagnant sa vie par des moyens douteux.

« J’espère et je crois que si un asile paisible lui est assuré pour sa vieillesse, il vivra ce qui lui reste de temps à vivre en gentleman et en chrétien, et que son rude combat pour gagner son pain étant fini, il regrettera le passé. Je doute que le sentiment de la honte l’ait jamais quitté pendant qu’il vivait de cette vie coupable et vagabonde, laissant partout où il allait des dettes derrière lui, toujours traqué, poursuivi par des créanciers justement irrités contre lui. Oui, Gustave, je crois que s’il plaisait à la Providence de donner enfin à mon père un asile paisible, il serait reconnaissant de la miséricorde de Dieu et qu’il se repentirait des fautes de sa vie. Et maintenant je vous ai dit quelle espèce de dot je puis apporter à mon mari.

— Mon cher amour, j’accepterai la dot, par affection pour celle qui me l’apporte. Je n’ai jamais entendu être autre chose qu’un fils pour votre père, et s’il n’est pas le meilleur des pères, par son passé, nous nous efforcerons de faire de lui un père convenable pour l’avenir. J’ai compris depuis longtemps que le capitaine Paget était quelque chose comme un aventurier. C’est la poursuite d’une fortune qui l’a mis en relation avec moi, et sans le savoir il m’a apporté ma fortune sous la forme de sa fille. »

Diana rougit en se rappelant que le capitaine n’avait pas agi aussi innocemment à cet égard que le Français le supposait.

« Et vous accepterez même papa par amitié pour moi ? demanda Diana.