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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

— De tout mon cœur.

— Ah ! vous êtes en vérité un fiancé bien généreux !

— Un fiancé qui n’est pas généreux… bah ! Il n’y a rien de méprisable dans la création comme un homme que l’amour ne rend pas généreux. Quand un homme voit la femme qui de par le Destin sera la sienne, s’arrête-t-il à s’informer du caractère du père, de la mère, de la sœur, ou de la cousine ? Où s’arrêter quand on commence à s’engager dans cette voie ? Un homme qui aime ne fait pas d’enquête. S’il trouve un joyau dans le ruisseau, il le ramasse et l’emporte sur son cœur, trop fier de son trésor pour se rappeler où il l’a trouvé, pourvu que le joyau ne soit pas faux, que la perle soit pure et digne de la couronne d’un roi. Et mon diamant est de la plus belle eau. À propos, nous essaierons de tarir le ruisseau… c’est-à-dire que nous essaierons d’éteindre ces petites dettes dont vous parlez, ces dettes d’hôtels garnis, de fournisseurs.

— Vous voudriez payer les dettes de papa ! s’écria Diane avec étonnement.

— Mais pourquoi pas ? Toutes ces misères, dont la pensée est si cruelle pour vous, pourraient être payées avec deux ou trois mille livres. Votre père me dit que je suis appelé à devenir très-riche…

— Mon père vous a dit cela ! Ah ! alors vous l’avez laissé vous engager dans quelque spéculation !

— Il ne m’a pas engagé dans une spéculation, et je ne cours pas de risques que deux ou trois mille livres ne puissent couvrir.

— Toute cette affaire me semble bien mystérieuse, Gustave.

— Peut-être. Elle doit être conduite en secret et je m’y suis engagé. Mais je ne souffrirai pas que votre père