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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

taine Sheldon avait besoin d’être radoubée et le capitaine craignait la rareté du papier, ou pire encore, le terrible décret émané de quelque aréopage commercial déclarant qu’il n’y avait plus de papier.

Une fois déjà, Sheldon s’était trouvé face à face avec la ruine complète et inévitable : quand tous les expédients ordinaires eurent été épuisés et que ses embarras furent devenus désespérés, il avait trouvé un expédient désespéré et il était sorti de ses embarras.

Le moment était venu où il fallait trouver un nouveau moyen de se tirer d’affaires, et un moyen désespéré si la nécessité l’y contraignait.

Comme Sheldon avait alors envisagé sa position, il l’envisageait maintenant, sans fléchir, quoique avec une sombre colère contre sa destinée.

Il était dur pour lui qu’une pareille chose dût être répétée. S’il avait pitié de quelqu’un, c’était de lui, et ce genre de compassion est très-commun chez les gens de ce caractère.

Les lettres de Casket ne nous montrent-elles pas, si elles sont de nature à nous apprendre quelque chose, que Marie Stuart se trouva très à plaindre quand elle se vit forcée d’en finir avec Darnley ?

Dans la merveilleuse étude de Swinburne sur l’existence morbide, il n’y a peut-être pas de touches plus fines que celles qui révèlent l’égoïste compassion de la reine par les souffrances de son propre cœur.