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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

fâcheux que vous insistiez pour éclairer ces gens. Voyez-vous, ma chère enfant, ce que je dois éviter, pour le moment, c’est toute chance de collision entre les Sheldon et Lenoble.

— Papa ! s’écria Diana avec impatience, pourquoi toutes ces intrigues ?

— Oh ! très-bien, mademoiselle Paget, dites ce que vous voudrez ! s’écria le capitaine, perdant patience devant une telle persistance de perversité. Tout ce que je peux dire, c’est qu’une jeune personne qui refuse du pain et du beurre, est exposée à n’avoir plus que du pain sec, et fort peu peut-être. Je me lave les mains de toute cette affaire… dites tout ce qu’il vous plaira.

— Je ne leur dirai rien de plus que ce qui me paraît actuellement nécessaire, papa, répondit la jeune fille avec calme. Je ne pense pas que M. Sheldon se trouble beaucoup l’esprit au sujet de M. Lenoble. Il semble très-préoccupé de ses affaires.

— Hum !… Sheldon semble tourmenté, inquiet, dites-vous ?

— Eh bien ! oui, papa, C’est ce que j’ai pensé depuis ces derniers mois. Autant que j’en puis juger par l’expression de son visage, quand il reste le soir à la maison, à lire ses journaux, ou à regarder fixement dans le feu, je suis certaine qu’il a des inquiétudes, des tourments même. Mme Sheldon et Charlotte ne semblent pas remarquer ces choses. Elles sont habituées à le voir tranquille et réservé, et elles ne s’aperçoivent pas comme moi du changement qui s’est opéré en lui.

— Ah ! il y a un changement, n’est-ce pas ?

— Oui, un changement bien marqué.

— Pourquoi diable ne m’avoir pas dit cela plus tôt ?

— Pourquoi vous aurais-je dit que M. Sheldon paraît