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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

inquiet ? Je ne vous l’aurais pas dit aujourd’hui, si vous n’aviez pas semblé craindre son intervention dans nos affaires. Je ne puis m’empêcher d’observer ces choses, mais il ne me convient pas de jouer le rôle d’un espion.

— Non, mais vous êtes infernalement pointilleuse, vous avez trop de délicatesse dans l’esprit, mon amour, dit le capitaine en se laissant emporter une seconde fois à un mouvement d’impatience. Pardonnez-moi, si je manifeste de l’impatience. Vous envisagez ces choses d’un point de vue plus élevé que ne peut le faire un vieil homme du monde blasé comme moi. Mais si vous voyiez quelque chose de remarquable dans la conduite de M. Sheldon, une autre fois, je vous serais obligé de vous montrer un peu plus communicative. Lui et moi nous avons été associés dans les affaires, voyez-vous, et il est très-important pour moi de savoir ces choses.

— Je n’ai rien observé de remarquable dans la conduite de M. Sheldon, papa, j’ai vu seulement qu’il était pensif et abattu. Et je suppose que ces anxiétés sont communes à tous les hommes dans les affaires. »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Georgy reçut la communication de Mlle Paget avec un mélange de lamentations et de félicitations.

« Il est certain que je suis très-heureuse pour vous, Diana, dit-elle. Mais qu’allons-nous devenir sans vous ? voilà ce que j’ignore. Qui verra si le salon a été bien épousseté chaque matin, quand vous serez partie ? Ne vous imaginez pas que je ne suis pas heureuse de penser que vous avez trouvé un établissement avantageux dans la vie, ma chère enfant ? Je ne suis pas assez égoïste pour cela, quoique je puisse dire que je n’ai jamais trouvé personne avec plus de talent naturel pour con-