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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Ses belles lèvres s’agitèrent et prononcèrent en tremblant quelques paroles inintelligibles.

L’étudiant ôta son chapeau en s’approchant avec déférence :

« En quoi pourrais-je avoir le bonheur de vous être agréable, madame ? dit-il.

— Vous êtes bien bon, monsieur, murmura la dame en un français très-correct, mais avec un accent évidemment étranger, anglais, à ce que pensa Gustave ; je… je suis tout à fait étrangère à Paris et… et… j’ai entendu dire qu’il y a dans ce quartier beaucoup de logements meublés… Où pourrais-je en trouver un qui ne soit pas cher ? Je me suis adressée à plusieurs nourrices et autres femmes dans le jardin, ce matin ; mais elles semblent stupides et n’ont pu rien me dire. Je ne voudrais pas le demander à l’hôtel où je demeure. »

Gustave réfléchit.

« Oui, il y a beaucoup de logements par ici, » dit-il à la dame.

Et il pensait à Mme Magnotte : n’était-ce pas son devoir de procurer cette pensionnaire à la digne dame, si cela était possible ?

« Madame, si vous n’avez pas d’objections contre une pension bourgeoise ?… » commença-t-il à dire.

La dame secoua la tête.

« Une pension bourgeoise me conviendrait tout aussi bien, mais il ne faut pas qu’elle soit chère ;… je ne puis pas payer beaucoup.

— Je connais une pension bourgeoise très-près d’ici, madame, où vous pourrez trouver à vous loger très-convenablement à un prix fort raisonnable. C’est la maison dans laquelle je demeure moi-même, ajouta Gustave avec quelque timidité.