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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Diana Paget à Charlotte Halliday.
« Beaubocage, près Vire, 30 mars 186.
« Ma chère Charlotte,

« Dans trois jours j’espère être près de vous, mais néanmoins je me crois obligée à remplir ma promesse et à vous tenir au courant de ma vie ici.

« Tout le monde est meilleur pour moi que je ne puis le dire, et il ne me reste rien à désirer, si ce n’est de vous voir ici vous émerveillant, comme je suis certaine que, vous le feriez, de la nouveauté et de l’étrangeté de toutes choses.

« Si jamais je deviens Mme Lenoble, ce que maintenant encore je ne puis pas me figurer comme devant arriver, vous viendrez à Cotenoir, vous et Valentin.

« On m’a promenée hier dans toutes les pièces du vieux Château, et j’ai arrêté dans mon esprit, la chambre que je vous donnerais, si les choses se passent comme nous les arrangeons. Ce sont de très-vieilles pièces, et je m’imagine les gens étranges qui ont vécu là et y sont morts peut-être dans le temps passé. Mais si vous venez les visiter, elles auront été rendues brillantes et jolies et nous en aurons chassé les sombres ombres du moyen âge. Il y a de vieilles peintures, de vieux instruments de musique, des vieilles chaises et des vieilles tables boiteuses, des tapisseries qui tombent en poussière quand on les touche, cendres et reliques de nombreuses générations.

« Gustave dit que nous balaierons ces vieux vestiges et que nous commencerons une vie nouvelle quand