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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

oppression incessante dont aucun effort de sa volonté ne pouvait le délivrer.

Pendant cette Journée entière il se surprit pensant à l’Anglaise inconnue plus qu’il ne convenait.

Il s’en voulait à lui-même de cette folle distraction d’esprit.

« Que je suis fou ! se disait-il, de me préoccuper ainsi d’un fait aussi insignifiant ; cela tient sans doute à la monotonie de la vie que je mène. »

Au dîner il chercha la dame anglaise, mais elle ne parut pas à la longue table où les vieilles à la voix criarde, les étudiants tapageurs dévoraient chaque jour en maugréant les deux ou trois plats extraits par la vieille Nanon des profondeurs de sa conscience, avec les ressources d’un garde-manger, non moins légèrement garni.

Quand le dîner fut fini, il questionna Mme Magnotte et apprit d’elle que la dame était dans la maison, mais qu’elle s’était trouvée trop fatiguée pour dîner avec les autres pensionnaires.

« J’ai à vous remercier de m’avoir procuré cette nouvelle cliente, mon ami, dit-elle ; Mme Meynell ne paiera pas cher, mais elle paraît être une très-respectable personne avec laquelle j’espère très-bien m’entendre.

Mme Meynell ? répéta Gustave, satisfait de savoir que la dame anglaise habiterait la même maison que lui. C’est une veuve, je présume ?

— Oui, elle est veuve. Je lui ai fait cette question et elle a répondu : oui ; mais elle ne m’a rien dit de son défunt mari. Elle n’est pas du tout communicative. »

C’est là tout ce que Gustave put apprendre.

Elle n’est pas communicative. C’est à peine si elle est