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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Mme Meynell tressaillit légèrement au moment où il s’approcha d’elle, et levant les yeux, elle reconnut en lui la personne avec laquelle elle avait fait connaissance au Luxembourg.

« Bonsoir, monsieur, dit-elle ; je vous fais mes remercîments de m’avoir aidée à trouver une demeure convenable. »

Ayant dit cela d’une voix basse et douce, elle tourna de nouveau du côté de la rue ses regards attristés ; il était évident qu’elle n’avait rien de plus à dire à Lenoble.

L’étudiant, cependant, n’avait pas l’idée de s’éloigner de la fenêtre immédiatement, bien qu’il sût, oui, il savait que sa présence en cet endroit était un tort envers Mlle Frehlter ; mais un tort si petit, si imperceptible, qu’il ne valait réellement pas la peine d’être pris en considération.

« Je suis charmé de penser que j’ai pu vous rendre un léger service, madame, dit-il, seulement je crains que vous trouviez fort triste ce quartier de Paris. »

Elle ne fit aucune attention à cette remarque jusqu’à ce que Gustave l’eût répétée une seconde fois ; alors, comme soudainement éveillée d’un songe, elle répondit :

« Triste… non, je ne l’ai pas trouvé triste… je ne tiens pas à la gaieté. »

Après cela Lenoble comprit qu’il ne pouvait décidément rien dire de plus.

La femme retomba dans sa rêverie ; les nuages de poussière, dans la rue silencieuse, lui semblaient plus intéressants que Lenoble de Beaubocage.

Gustave demeura quelques instants dans le voisinage de sa chaise, observant son délicat profil, son teint