Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome I.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
33
L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

et moins satisfaisantes ; il cessa de donner d’amples détails sur sa vie d’étudiant ; il cessa d’écrire avec sa gaieté habituelle.

« Je crains qu’il n’étudie trop, disait sa mère.

— Je croirais plutôt, suggérait le père, que le drôle se laisse entraîner à la dissipation. »


CHAPITRE III

DÉSESPOIR

Deux mois s’étaient écoulés depuis la froide matinée de printemps dans laquelle Gustave avait rencontré Mme Meynell sous les arbres desséchés du Luxembourg.

Les habitants de la Pension Magnotte s’étaient accoutumés à sa présence, à son silence, à sa tristesse ; ils avaient cessé de se préoccuper d’elle ou de son histoire ; mais ces quelques semaines n’avaient apporté aucune amélioration dans son état d’esprit.

Gustave qui la surveillait de près, trouvait même qu’elle était encore devenue plus pâle, plus triste.

Sa vie avait dû, depuis ce temps, être péniblement monotone : elle sortait très-rarement et jamais elle ne se hasardait plus loin que le jardin du Luxembourg.

Personne ne venait la voir : elle n’écrivait ni ne recevait jamais aucune lettre.

Souvent il lui arrivait de se faire de la lecture un prétexte pour rester dans un coin écarté du salon ; mais Gustave s’était aperçu qu’elle ne donnait que fort peu