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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Mais, en pareil cas, l’affection ne peut faire qu’une chose, veiller et attendre.

Dans la soirée, au milieu des douces causeries de la chambre à coucher, dont les deux jeunes filles avaient fait une habitude, Diana arracha à Charlotte la description complète des symptômes qui s’étaient produits en elle depuis les dernières semaines.

« Je vous en prie, n’ayez pas l’air si inquiète, chère Diana, dit-elle gaiement, ce n’est réellement pas la peine d’en parler et je savais bien que si j’avouais me sentir malade, à l’instant, vous et maman, vous vous tourmenteriez l’esprit à mon sujet. Mon malaise n’a rien de sérieux et il sera vite passé. Parfois je me sens de la torpeur, un sentiment de langueur, qui est à peine désagréable, mais seulement étrange, vous comprenez bien ce que je veux dire. Mais, en somme, à quoi cela se réduit-il ?… à un simple état nerveux.

— Vous avez besoin de changer d’air, Charlotte, dit Diana avec résolution, et de changer de lieux. Oui, sans doute, vous êtes nerveuse. Vous avez été presque retenue prisonnière à la maison par suites des absurdes prescriptions de M. Sheldon. Il vous a compté vos promenades du matin. Si vous alliez dans le comte d’York, voir vos bons parents a Newhall, ce changement vous plairait, n’est-ce pas ?

— Oui, j’aimerais bien à aller voir ma tante Dorothée et mon oncle Joé, mais…

— Mais quoi, ma chérie ?

— Je ne voudrais guère aller à Newhall, à moins que… vous allez me trouver bien folle, Diana… à moins que Valentin n’y vînt avec moi. Nous avons été si heureux là-bas, voyez-vous, et c’est là que pour la première fois il m’a dit qu’il m’aimait. Non, Diana, je ne