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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

pourrais pas supporter le séjour de Newhall sans lui.

— Pauvre tante Dorothée, pauvre oncle Joé ! Une plume fait pencher la balance en faveur d’un jeune homme que leur nièce ne connaît que depuis une année à peine ! »

Rien de plus ne fut dit au sujet de la maladie de Charlotte, Diana était trop prudente pour alarmer son amie en lui laissant voir son inquiétude.

Elle prit un ton gai, et la conversation eut un autre tour.

Pendant que l’intérêt éveillé par l’altération de la santé de Charlotte était à l’état de sentiment tout nouveau chez Diana, elle fut encore appelée à aller remplir la mission d’ange gardien auprès de son père.

Cette fois, la maladie du capitaine avait plus de gravité qu’un accès de goutte.

Au dire de ses médecins, il y avait, cette fois, une désorganisation de tout le système ; le pauvre vieux vagabond, fatigué par son odyssée, le héros de tant de mauvais tours, d’aventures si variées, s’était couché pour se reposer, en vue de la terre promise, après laquelle son âme soupirait. Il était très-malade.

Gustave, qui revint à Londres, ne cacha pas à Diana que la maladie menaçait d’avoir un dénouement fatal.

À son instigation, le capitaine avait quitté Omega Street pour un joli logement derrière la caserne de Knightsbridge, ayant vue sur le Parc, qui était plus près de Bayswater et très-agréable pour le vieil homme du monde.

De son fauteuil, soutenu par des oreillers et le soleil en plein visage, il pouvait voir s’écouler le flot des grands maîtres de la mode. Il désignait du doigt les livrées et les armoiries, il contait des histoires, scanda-