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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

dérable, à mettre sur le tapis devant lui les questions de religion d’une manière aussi persistante. »

C’est ainsi que le capitaine eut des alternatives de pensées de pénitence et de retours aux idées mondaines, pendant plusieurs jours et plusieurs semaines.

L’affaire de l’héritage Haygarth marchait lentement, mais sûrement. Les documents s’amassaient, les copies certifiées des actes de mariages, de naissances, de baptêmes, et de décès avaient été réunies, et tout marchait vers le grand résultat.

Une et deux fois par semaine, Fleurus venait voir le capitaine et discutait l’affaire avec cet habile diplomate.

Le capitaine savait depuis longtemps qu’en faisant alliance avec l’homme d’affaires, il avait invoqué l’aide d’un individu qui probablement se montrerait trop fort pour lui.

L’événement avait justifié ses craintes. Fleurus avait quelque chose de la pieuvre si connue. Aussi puissants et aussi flexibles étaient les bras qu’il étendait pour saisir sa proie sous forme d’héritiers aptes à réclamer une succession, des actions de chemin de fer, ou des titres de rente oubliés.

Si le capitaine n’avait pas conduit son jeu très-habilement et s’il n’avait pas réussi à obtenir une influence personnelle sur Gustave, il aurait pu se voir mis hors de l’affaire par l’un des bras gélatineux du Français. Mais, heureusement pour lui et pour son succès, l’influence qu’il avait su conquérir sur Gustave était puissante. Elle lui permettait de défendre ses intérêts pendant les négociations et de tenir Fleurus en respect.

« Mon bon ami, dit-il avec ses grands airs, je suis tenu de protéger les intérêts de mon ami M. Lenoble